Nos vies sont saturées d’informations et de sommations
à communiquer et à consommer. Tout se dit, tout se
montre, tout s’expose.
L’art n’échappe pas à cet excès de jour, à cette clarté
crue qui inonde le réel et exige du reconnaissable et
de l’identifiable. Dans un pareil contexte, on attend
des œuvres qu’elles reflètent comme autant de miroirs
nos problématiques quotidiennes, nos attitudes, nos
histoires même banales.
Mais le souhaitons-nous vraiment ?
Si nous voulons en savoir plus sur nous-mêmes, l’art
peut nous atteindre dans nos profondeurs et nos
mystères, dans nos émotions souterraines qui peinent
tant à percer la surface de la conscience. Nous avons
certes besoin de formulations intelligibles pour nous
orienter dans nos existences, mais il est aussi nécessaire
de se perdre dans l’ombre et l’obscur pour connaître le
véritable sens de la lumière.
C’est dans la nuit que l’esprit s’éclaire tout en
s’égarant, en se sentant plus libre, moins tenu par les
rigueurs rationnelles du jour, c’est dans la nuit que
l’impensable se fait pensable et qu’un visage nous est
révélé – même sobrement – qui soit celui dont nous ne
savions pas qu’il était le nôtre, tous masques ôtés.
Patrick Bonté
Direction générale et artistique
Visuel (c) Chantal Michel